I feel it quietly
C'est dans la tête
Alors oui, c’est réel. L’anxiété est réelle. Et paralysante. Parfois utile – pour des questions de survie – mais parfois ingérable. Comme si le passé refusait de se déconnecter, et que le futur s’imposait en HD devant mes yeux.
C’est comme s'il y avait plusieurs fenêtres qui s'affichent en même temps dans mon cerveau, et qu'il y avait un gros bug qui m'empêche de me concentrer sur une seule fenêtre.
J’inspire et j’expire
Avec un peu de respiration. J'y arrive. Je me concentre sur une fenêtre, une seule. Au fur à mesure que je l'observe, je m’aperçois que la fenêtre que j'ai choisie n'est pas la bonne. Elle fait partie de ses pensées qui nourrissent mes angoisses, celles qui te mettent des "et si jamais" et des "j'aurais dû" qui n'arrête jamais.
Pourtant, je sais. Ce qui est passé ne reviendra pas. Le succès n’a pas d’âge. Mais les murmures sont plus forts : " Tu devrais…", "Regarde les autres…", "T’es en retard."
Quand ces périodes arrivent, on n'est jamais vraiment prêt. Depuis l'enfance, on est exposé à une avalanche d'injonctions, de peurs, d'angoisses mais elle est là et elle refuse de se taire.
L'overthinking
C'est ce poison insidieux qui me pousse à voir tout en noir et blanc. Le genre de pensée qui me traverse l’esprit alors que je suis censée dormir.
-All-or-nothing thinking : "Si je n'excelle pas là tout de suite dans tout ce que je fais, alors j'échoue." Une idée que mon cerveau me vend comme une vérité absolue.
-Autre scénario-catastrophe : "Je vais galérer à la retraite. Ma pension alimentaire ne suffira jamais."
-Extrapolation de règles à partir d'un seul événement passé : "Une amie à frôler un burnout à 24 ans ? Mon cerveau en déduit que je prendrai le même tournant. Une remarque maladroite au travail ? Forcément, tout le monde doit me juger en silence.
Personne ne nous apprend à démêler le vrai du faux, à repérer ces distorsions cognitives.
Et puis, il y a les réactions classiques quand tu en parles :
Calme-toi ! → Comme si l'anxiété disparaissait sur commande.
Tout est dans ta tête ! → Mon estomac noué n’est pas d’accord.
Arrête de trop réfléchir ! → oui, mais je cherche toujours le bouton off
Et moi, je tourne en boucle. Plus je pense, moins j'agis. Plus je cogite, plus je m'épuise.
Il est 3h du matin. Une voiture klaxonne, je sursaute. Je suis éveillée depuis un quart d'heure, et je sais déjà que je vais encore perdre une heure à ruminer.
Le package de l'anxiété est complet
● Rejouer les scènes gênant dans ma tête, " j’étais tellement cringe ce jour-là "
● Anticiper tous les pires scénarios (burnout à 24 ans ? Donald Trump en 2025 ? Météo de 2050 ?)
● Me focaliser sur ce que je ne peux pas contrôler (d’ailleurs, je ne me rappelle plus pourquoi j’ai mentionné Trump)
● Me sentir mentalement vidée à force de ruminer
● Douter de mes propres décisions passées, mais ça ne changera rien du tout.
Le lendemain, je me réveille exténuée. Pourtant, je me veux rationnelle. J'ai étudié la psycho, je devrais être capable d'activer les bons neurones. Alors, on se reprend.
Je connais les pièges : l'overthinking nourrit l'anxiété, et que l'anxiété alimente à son tour l'overthinking.
Je ne suis pas déprimée. Je suis stressée. Je suis anxieuse. Mais je refuse de rester coincée là-dedans.
Alors, j'ai testé les conseils classiques qui s’affichent en premier sur Google :
● Méditer ? Impossible de rester concentrée.
● Pratiquer l'auto-acceptation ? Lol ! On en est loin.
● Aller en thérapie ? Peut-être, mais d'abord, j'essaie seule.
● Écrire ? Oui, c'est ce que je suis en train de faire, et je dois avouer que ça marche, c'est comme si toute la pression sortait par mes doigts.
● Faire du sport ? Initialement pour des raisons de santé, j'ai commencé à courir, et à ma grande surprise, j'adore ça.
Et si c'était ça, la vraie sortie de secours ?
Pendant que je cours, mes pensées se canalisent. Je ne me pensais pas capable de courir 5km avant d’aller au travail et de finir 8h sans être vidé. En courant, je sens mon corps s’apaiser. Et je commence à comprendre que ce n'est pas juste une lubie de mon esprit. Il y a une mécanique bien réelle derrière tout ça.
On ne parle jamais assez de ce truc incroyable : le nerf vague !
Imaginez un peu un réseau autoroutier invisible qui parcourt tout votre corps, depuis le cerveau jusqu'aux organes. C'est un peu le chef d’orchestre du système nerveux parasympathique.
Lui, son job, c'est de murmurer à votre corps : « Tranquille. Respire profondément. Ralentis le rythme cardiaque. Tout va bien. » C'est lui qui actionne les freins quand votre corps s'emballe sous l'effet du stress. Et le truc dingue, c'est qu'on peut apprendre à lui parler, à le stimuler pour qu'il envoie plus souvent ce message de calme. J'ai découvert que certains gestes simples peuvent l’activer : respirer profondément, chanter, rire… et courir.
Le rythme régulier de la course, avec la respiration qui s'intensifie puis s'apaise, offre une expérience corporelle douce, presque méditative, qui semble avoir un effet directif bienfaisant sur ce nerf. Après une séance de footing, les scénarios catastrophes s'estompent, comme si le volume de cette radio anxiogène baissait enfin.
La course ne guérit pas tout, loin de là. Mais pour moi, c'est devenu un interrupteur d'urgence, une façon concrète de dire à mon corps : « On se calme ». C'est la preuve que l'anxiété n'est pas juste un fantôme qui hante mon crâne. C'est un corps tendu, des muscles qui hurlent : « Bouge ! Fais quelque chose ! » Et en bougeant, en stimulant ce fameux nerf vague, je donne une réponse physique à cette tempête intérieure.
Mon manuel de survie (version imparfaite)
- Écrire : avant que les pensées ne pourrissent.
-Vérifier : est-ce une menace immédiate, ou une vieille angoisse qui refait surface ?
- Courir : même fatiguée (surtout si fatiguée).
- Rire : de l’absurdité (oui, j’ai vraiment stressé pour Trump).
- Accepter : les rechutes nocturnes.
Le mot de la fin
"Alors non, l’overthinking ne disparaît pas du jour au lendemain". Mais maintenant, je sais que je ne suis pas juste coincée dans ma tête.
Si toi aussi, ton cerveau tourne en boucle et t’empêche de respirer, sache qu’il existe des leviers : ton corps peut t’aider à reprendre le contrôle. L’anxiété, ce n’est pas juste dans la tête, c’est un système nerveux en alerte. Et tu peux le recalibrer en douceur. Alors expérimente et trouve ce qui fonctionne pour toi. Peut-être que ce sera la course à pied, la respiration profonde, l’eau froide, ou même chanter sous la douche, faire des gribouillages, crie si tu veux. Mais surtout, ne reste pas figé.
Et si aujourd’hui, c’est trop dur, ce n’est pas grave. Essaie demain. Un petit pas.
C'est courageux de chercher des solutions par soi-même. Mais si l'anxiété persiste malgré les efforts, un accompagnement thérapeutique peut apporter une compréhension plus approfondie de tes mécanismes anxieux et des stratégies pour les dépasser.
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