Comment sortir du mode autopilote ?
Beaucoup d’entre nous vivent avec des routines bien précises, des
automatismes dans lesquels on se sent bien. C’est une zone de confort qui nous
enveloppe, et dans laquelle on peut rester sans que cela nous dérange.
Jusqu’au jour où un événement vient chambouler
cette routine : c’est la panique,
tout semble flou. Puis, une fois la tempête passée, on retrouve une forme de
stabilité, ou on en recrée une nouvelle.
Les journées se répètent. Comme les week-ends,
les trajets, les échanges. Des jours qui se copient encore et encore, à tel point qu’ils finissent par tous se
ressembler.
Et sans qu’on ne s’en rende compte, six mois se
sont écoulés. Le temps a filé si vite qu’on n’a pas eu l’occasion de le voir
passer. On n’en a pas pris conscience, comme
si on était enfermé dans une bulle, en mode autopilote, toujours avec
cette idée en arrière-plan : devenir une meilleure version de soi-même.
C’est ça, le mode autopilote : une manière d’agir de façon routinière,
sans réelle présence à ce qu’on ne fait ni à ce qui se passe autour de nous.
Alors,
comment reprendre la main ? Une piste : l’expérimentation mentale.
🧠 Changer ses schémas mentaux, une petite expérience à la fois
On ne s’en rend pas toujours compte, mais notre esprit fonctionne avec des raccourcis qu’il a appris à force d’expérience. Ces raccourcis qu’on appelle schémas mentaux influencent la façon dont on perçoit une situation, réagit à une remarque, prend une décision, ou même évite d’en prendre.
Ils ne sont pas forcément mauvais. Ils nous permettent d’aller vite, de trier ce qui semble important. Mais parfois, ils deviennent trop rigides. Ils filtrent la réalité sans qu’on s’en aperçoive, et nous enferment dans des façons de penser ou de faire qui ne nous conviennent plus.
C’est là qu’Anne-Laure Le Cunff propose une autre approche : expérimenter plutôt que corriger. Essayer des façons d’agir différentes, à petite échelle, sans chercher à tout changer d’un coup.
L’état d’esprit expérimental
Ce qu’elle appelle un état d’esprit expérimental, c’est une posture curieuse. Une manière d’observer nos habitudes mentales sans les juger, puis de tester autre chose. Juste pour voir.
Pas pour prouver quelque chose, ni pour obtenir un résultat immédiat.
Simplement pour faire l’expérience, et regarder ce que cela produit.
Une méthode simple : le PACT
Anne-Laure propose une méthode appelée PACT. L’idée est de formuler un engagement très précis, qui prend peu de temps, mais qui peut faire émerger un nouveau regard sur une habitude mentale.
Un PACT, c’est une phrase qui dit :
“Je vais [action] pendant [durée définie]”
Par exemple :
“Je vais prendre 5 minutes chaque soir pendant 4 jours pour écrire ce que j’ai appris dans la journée.”
“Je vais proposer mon aide une fois cette semaine, même si ce n’est pas prévu.”
“Je vais prendre une décision sans demander l’avis de quelqu’un, une seule fois.”
Le truc, c’est que ces mini-expérimentation ressemblent à des clins d’œil qu’on se fait à soi-même. Pas la peine de viser la performance, juste de tendre une perche à son cerveau pour qu’il réalise : " Tiens, on pourrait peut-être faire autrement".
Ce sont de petites actions, concrètes, que l’on peut répéter sans que cela prenne toute la place.
Exercice 1 – Ton premier PACT
Identifie un schéma que tu sens actif en ce moment (ex : “je dois toujours anticiper pour éviter les problèmes”).
Écris un PACT réaliste pour l’interroger (ex : “je vais passer une journée sans vérifier mon agenda plus de deux fois”).
Note dans ton téléphone ou ton carnet l’action choisie.
Lance-toi pendant 2 ou 3 jours.
Pas de pression. Si tu oublies, c’est juste une info. Si tu résistes, c’est une piste. Le but n’est pas de cocher une case, mais de sentir ce qui se joue dans ces moments où ton schéma mental habituel veut reprendre les commandes.
Ensuite, on observe
Une fois que tu as testé l’action, prends un moment pour réfléchir. Pas pour évaluer ta performance, mais pour décrire ce qui s’est passé.
Anne-Laure utilise une méthode simple : Plus / Moins / Ensuite
Plus : Qu’est-ce qui a été agréable, inattendu, utile ?
Moins : Qu’est-ce qui t’a dérangé, stressé, fait douter ?
Ensuite : Est-ce que tu veux poursuivre ? changer quelque chose ? laisser de côté ?
Souffle un coup. La réponse peut être 'bof', 'surprenant', ou 'je sais pas'. Ça compte aussi. Parfois, le déclic arrive bien après l’expérience, quand on fait la vaisselle ou qu’on attend le métro. Le cerveau aime digérer dans l’ombre.
Exercice 2 – Débriefe ton expérience
Prends 10 minutes, idéalement au calme, et écris :
Ce que tu as remarqué de nouveau.
Ce que tu as ressenti (pendant, mais aussi après).
Ce que tu voudrais ajuster si tu réessayais.
Recommencer, adapter ou mettre en pause
L’important n’est pas de “réussir” l’expérience, mais de t’ouvrir à une autre manière de fonctionner. C’est là que le changement commence.
Certains schémas sont tenaces. Les remettre en question demande parfois plusieurs essais, ou un peu plus de recul. Ce qui compte, c’est la régularité de l’observation. Plus tu t’habitues à regarder tes pensées comme des constructions mentales — et non comme des vérités — plus tu élargis ton espace intérieur.
🧭 En résumé
Tu n’as parfois pas besoin de théories complexes pour faire évoluer tes schémas mentaux.Tu peux partir d’une hypothèse simple, la transformer en action courte, et voir ce qu’elle change dans ta manière de vivre une situation.
Tu n’as pas besoin d’en faire un défi, ni de changer toute ta vie. Un petit geste bien observé peut suffire à faire apparaître une autre voie.
Si tu veux explorer un PACT ensemble, ou partager ce que tu observes en ce moment, tu peux écrire en commentaire ou garder ça pour toi. Mais dans les deux cas, tu seras déjà en train d’expérimenter. Et ça, c’est loin d’être rien.
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